Débat d'Orientations Budgétaires 2022 - Ville de Bar-le-Duc

Publié le

 

Conseil municipal de Bar-le-Duc du 16 décembre 2021

Intervention de Benoît Dejaiffe

lors du Débat d’Orientations Budgétaires 2022

Intervention pour le groupe « Vivre, Partager, Innover à Bar-le-Duc »

Madame le Maire, Mesdames et messieurs, cher.e.s collègues,

Je tiens d’abord à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction du document. Je remercie Monsieur Minetto pour sa présentation. Ce n’est sans doute pas un exercice facile. Je remercie également l’ensemble des services. Sans leur engagement pour la collectivité, rien ne serait possible. 

Notre contribution à ce débat est collective. Je m’en fais le porte-parole, mais elle a été élaborée par l’ensemble du groupe ici présent et avec une quinzaine de barisiennes et de barisiens.

Le débat d’orientation budgétaire est l’occasion d’échanger sur les stratégies budgétaires, les projets à venir et ceux qui sont lancés, mais aussi sur le fonctionnement quotidien de la collectivité.

Dans le monde problématique que nous connaissons, donner une orientation budgétaire à une collectivité n’est pas chose aisée. L’économie mondiale est instable, les crises de toute sorte se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu. En tant qu’élus, d’un côté nous sommes tiraillés entre des réponses à des problèmes individuels et de l’autre, par l’élaboration de projets structurants. La somme des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt général.

Les projets structurants nécessitent une capacité à se projeter sur le territoire, à anticiper les frais de fonctionnement, à imaginer l’évolution générale de la société et les besoins de la population. Ces projets structurants sont longs à se mettre en place. Ceux qui les pensent sont rarement ceux qui les inaugurent.

Les citoyens sont exigeants à l’égard des élus et ils ont raison de l’être. Il n’est pas possible de faire des erreurs. Chaque euro compte. Les sommes en jeu sont considérables et la comparaison que chaque citoyen peut faire entre son budget familial et celui de la commune donne le vertige.

Les études menées sur notre ville, sur l’agglo ou sur le département sont sans équivoque : la population diminue, vieillit, s’appauvrit. Le nombre d’élèves scolarisés dans les écoles de la ville a été divisé par 2 en 20 ans. Les situations de pauvreté touchent le tiers des jeunes. En cette période de Noël où chacun est incité à assouvir ses pulsions consuméristes, beaucoup d’habitants sont en difficulté. Les associations caritatives et d’insertion travaillent chaque jour pour pallier les difficultés sociales, d’emploi, de mobilité, de santé. Nous pouvons les remercier. La ville doit être au cœur de cette lutte, chaque jour. Pas dans les discours mais concrètement. L’année 2021 a été marquée par un contexte sanitaire compliqué. L’année 2022 et les suivantes seront-elles aussi compliquées.

Pour orienter les décisions budgétaires, il faut une carte, une boussole et des repères. Aller tout droit, toujours avec les mêmes idées, ne suffit pas. On risque de foncer dans un mur.

  • La carte, c’est la représentation de la ville à 5, 10, 20 ans.
  • La boussole, c’est une stratégie budgétaire claire. Pas de tâtonnement, pas d’éparpillements, mais des décisions.
  • Les repères, ce sont les indicateurs d’évaluation des politiques menées. Les repères ce sont les limites à ne pas dépasser pour que la ville soit encore habitable. Quelles sont ces limites ?
  • Vous dites que la réussite éducative est une priorité. Mais ce n’est pas en entretenant les toitures que les élèves vont significativement mieux réussir. Comment luttez-vous contre la pauvreté vécue par les enfants ? Quelle est la politique en leur faveur ? Je ne parle pas de l’achat de caméras de surveillance pour lutter contre la délinquance, mais de moyens pour développer une politique éducative.
  • Vous dites que l’attractivité de la ville est une priorité. Est-ce qu’une ville devient attractive parce qu’elle construit un boulodrome à 2 000 000 d’euros ? La CA n’en a pas voulu, mais vous vous entêtez dans un projet disproportionné et pour autant, sportivement sans plus-value.
  • Vous dites que la démocratie participative est une priorité. Mais la décision de subventionner l’Ucia pour organiser un loto avec les impôts des habitants est annoncée dans la presse avant même d’être votée en Conseil municipal. Au sujet des conseils consultatifs, vous annoncez le changement du fonctionnement en réunion publique alors que le règlement a été voté en Conseil municipal. Vous niez la démocratie. Bonne nouvelle, la newsletter mise en place va permettre à notre groupe de s’exprimer sur un nouveau support. Merci.  Quant à la maison des habitants pour y présenter vos projets, elle existe déjà. C’est la Mairie. Pourquoi dépenser encore inutilement ?
  • Vous dites que le soutien aux associations est une priorité. Mais le soutien ne s’arrête pas à des subventions. Il n’y a même pas de salle correcte pour permettre aux bénévoles de se réunir. La salle des fêtes n’a pas été entretenue et ne permet plus d’accueillir des manifestations. Les bénévoles se réunissent dans les villages voisins.
  • Vous dites que la ville prend soin des habitants. Mais les moyens alloués à la rénovation des trottoirs et à l’accessibilité sont bien maigres. Les actions sociales de la ville sont rares. Heureusement que nos associations s’en emparent. Mais cela devient difficile aussi pour elles. Vous avez recensé 15 personnes en situation d’isolement. Comment comptez-vous recenser les autres ?
  • Vous dites que la végétalisation de la ville est une priorité. Mais l’agenda 21 semble avoir disparu. Quel est le bilan ? Et quels moyens supplémentaires donnés aux services de la ville pour entretenir les espaces verts ? Quelles décisions allez-vous prendre concernant la réglementation de la publicité qui vous incombent encore plus fortement à partir de 2024 ? Cette publicité anarchique pollue et enlaidit la ville.
  • Vous dites que le soutien aux commerçants est une priorité. C’est effectivement important. Et j’insiste, oui, c’est important. Mais est-ce le rôle de la mairie de placer les commerçants sous perfusion alors que la compétence économique est à la CA ?

Ce qui se remplit d’un côté se vide de l’autre. Les plateformes qui se créent ne font que permettre le déplacement de structures déjà existantes sur la ville. Il n’y a malheureusement rien de neuf.  Le commerce à l’essai a échoué. Pourquoi ?

Enfin, concernant le patrimoine, qui n’est pas votre priorité, les projets se font à destination de la rénovation des églises. Quel plan de développement économique allez-vous associer à ces édifices ?

Il n’y a donc rien de flamboyant ou d’innovant. Vous n’allez pas apaiser le désarroi des barisiens, même si vous avez promis des interventions de voirie partout dès le 2 janvier.

Ce désarroi, les habitants l’expriment. Dans un récent sondage, Bar-le-Duc est la ville du département qui est la moins recommandée par ses habitants. Ce désarroi, les barisiens l’expriment dans tous les espaces où on leur donne la parole. Est-ce que vous les écoutez vraiment ? S’ils viennent autant à la mairie, c’est que les choses ne vont pas bien !

Pour analyser la situation financière de la ville, il est aussi nécessaire de la mettre en miroir avec celle de la Communauté d’agglomération. Les prévisions ne sont pas très optimistes. Quel est le coût de fonctionnement de la Barroise ?

Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’intentions. Je ne dis pas que vous ne faites pas tout ce que vous pouvez. Mais quid d’actions concrètes, urgentes, efficaces ?

Je doute que le Tour de France féminin suffise à répondre aux attentes des habitants et aux besoins de notoriété de la ville. Qui se souvient du vainqueur de l’étape du Tour de l’Avenir l’été dernier ? Les personnes dans cette salle capables de donner le nom d’une ville étape du Tour de France masculin de l’année dernière ne sont sans doute pas nombreuses.

Nous attendons une réelle prise en compte des besoins environnementaux, économiques, sociaux et humains.

Madame le Maire, Mesdames et Messieurs,

Ensemble, il est temps d’élaborer une carte, de changer de boussole et de se fixer des critères de réussite des politiques menées.

Il est temps que les habitants vivent mieux, que la ville innove et retrouve l’espoir d’un avenir serein.

Merci.

Les élus de la liste « Vivre, Partager, Innover à Bar-le-Duc » (divers gauche)

Benoît Dejaiffe, Mathias Raulot, Atika Ben Saadi, Benoît Damant, Sylvie Jolly, Alexandre Berger

Publié dans Conseil municipal

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